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3ème HDA Complément d'informations AFFICHE ROUGE
A propos de l’AFFICHE ROUGE, les ouvertures en Français et Musique qu’il faut connaître et la notion de devoir de mémoire :
Le 21 février, les résistants du groupe Manouchian doivent être exécutés au Mont-Valérien. Avant de mourir, Missak Manouchian écrit à sa femme.
Début de la lettre d’adieu de Missak Manouchian à sa femme, 21/02/1944Ma chère Mélinée, ma petite orpheline bien-aimée,
Dans quelques heures, je ne serai plus de ce monde. Nous allons être fusillés cet après-midi à 15 heures. Cela m'arrive comme un accident dans ma vie, je n'y crois pas mais pourtant je sais que je ne te verrai plus jamais. Que puis-je t'écrire ? Tout est confus en moi et bien clair en même temps. Je m'étais engagé dans l'Armée de Libération en soldat volontaire et je meurs à deux doigts de la Victoire et du but. Bonheur à ceux qui vont nous survivre et goûter la douceur de la Liberté et de la Paix de demain. Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement. Au moment de mourir, je proclame que je n'ai aucune haine contre le peuple allemand et contre qui que ce soit, chacun aura ce qu'il méritera comme châtiment et comme récompense. Le peuple allemand et tous les autres peuples vivront en paix et en fraternité après la guerre qui ne durera plus longtemps. Bonheur à tous... (…)
Dans sa lettre, Manouchian apporte des réponses aux accusations de l’affiche (…il est à la tête de « l’armée du crime » …il. est un criminel…il est une machine à tuer)
Réponse : NON, Il est dans l’Armée de Libération, un soldat volontaire, un homme qui va mourir pour la Liberté et la Paix et qui n’a pas de haine.
Le ton de la lettre est très personnel, c’est une lettre très émouvante.
PLUS TARD, on a développé l’importance du DEVOIR DE MEMOIRE C’est le devoir moral d’un pays à faire en sorte que le souvenir des souffrances subies dans le passé par certaines catégories de la population, ne disparaisse pas avec le temps. Ceci est d’autant plus important quand l’Etat a une part de responsabilité dans les évènements.
En 1955 : le poète Aragon écrit ce poème (voir p 2) et en 1959, le chanteur Léo Ferré le met en musique :
Lien vers la chanson : lien
Courte analyse du poème:
La 1ère partie du poème rend la sensation de tristesse, la peur des hommes, il rappelle leur courage. La 2ème partie est directement inspirée de la lettre de Manouchian à Mélinée. Aragon rappelle que Manouchian est un héros mais aussi un homme comme un autre qui aurait voulu fonder une famille.
La fin du poème est plus universelle : pour Aragon, tous les résistants sont semblables, des frères, quelque soit leur religion ou nationalité.
Aragon était un communiste convaincu, on retrouve cette idée de l’internationalisme à la fin du texte.
Louis Aragon
« Strophes pour se souvenir » (1955)
Vous n'avez réclamé la gloire ni les larmes
Ni l'orgue ni la prière aux agonisants
Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
Vous vous étiez servi simplement de vos armes
La mort n'éblouit pas les yeux des Partisans
Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L'affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu'à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants
Nul ne semblait vous voir Français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l'heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA
FRANCE
Et les mornes matins en étaient différents
Tout avait la couleur uniforme du givre
A la fin février pour vos derniers moments.
Et c'est alors que l'un de vous dit calmement
Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand
Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses
Adieu la vie adieu la lumière et le vent
Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses
Quand tout sera fini plus tard en Erivan1
Un grand soleil d'hiver éclaire la colline
Que la nature est belle et que le coeur me fend
La justice viendra sur nos pas triomphants
Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline
Et je te dis de vivre et d'avoir un enfant
Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient leur coeur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s'abattant
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1 Érivan (ou Erevan) : capitale de l'Arménie
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